Bouteilles en verre : suivez la consigne !
Bouteilles en verre : suivez la consigne !
Certains gestes oubliés reviennent en force, tout simplement parce qu’ils sont pertinents au regard des enjeux environnementaux actuels. Chacun peut mesurer à quel point nos villes, nos campagnes et nos cours d’eau sont asphyxiés par le plastique. Alors oui, les bouteilles en verre consignées font partie des solutions durables pour lutter contre la production des emballages uniques.C’est un souvenir qui date des années 60. Chaque jour, il y avait la tournée du facteur… et celle du laitier, qui collectait les bouteilles vides déposées sur le paillasson et les remplaçait par de nouvelles, bien remplies. L’essor des emballages plastiques, à partir des années 70, a marqué l’arrêt de cette (bonne) pratique.
Une même bouteille pour la limonade ou la soupe
Aujourd’hui, on revient à la pratique de la consigne afin de lutter contre l’augmentation exponentielle de nos déchets. Ce geste du passé pourrait bien redevenir une norme quotidienne. En effet, la France s’est fixé un calendrier et des objectifs ambitieux en matière de diminution des emballages : dès 2025, réduire le plastique à usage unique de 20 % grâce au réemploi, et parvenir en 2027 à 10 % d’emballages réemployables.
Le verre n’y échappe pas. Car, si les consommateurs ont adopté les bons réflexes en termes d’apport volontaire aux bornes de collecte ou en déchetterie, son recyclage reste toutefois très énergivore (le verre est refondu dans des fours chauffés à 1500 degrés). Découvrez-en plus sur le verre.
Les industriels du secteur agroalimentaire, en particulier celui des boissons, travaillent donc activement à la mise au point d’emballages réemployables : une même bouteille, au lieu d’être recyclée directement, servira plusieurs fois. Après vérification et nettoyage, elle accueillera peut-être un autre liquide que celui de départ (un jus de fruits, une soupe ou du lait) mais le principe est là : prolonger la vie du contenant initial sans altérer ses performances.
Consigne et réemploi des emballages,
quelle différence ?
L’économie circulaire fait appel à différents concepts : la réutilisation, par exemple, concerne un déchet (matériau ou objet) à qui l’on donne une seconde vie, parfois très éloignée de son affectation initiale. Le réemploi en revanche désigne le fait d’utiliser un objet, en l’occurrence un emballage, plusieurs fois pour un usage identique à celui pour lequel il a été conçu.
La consigne fait partie du cycle du réemploi. Le client paie quelques centimes d’euros au départ, quand il achète son produit alimentaire dans un contenant réutilisable, puis cette somme lui est remboursée lorsqu’il rapporte l’emballage. Ce levier financier est essentiel pour inciter le consommateur à récupérer le montant de sa consigne.
Abandonnée depuis plusieurs décennies, la consigne réapparait chez quelques enseignes pionnières telles que Biocoop, qui l’a lancée dès 2021, en coopérant par exemple avec Maison Meneau pour la mise au point de la limonade avec bouteille consignée.
Aujourd’hui, 450 points de vente Biocoop sur les 740 nationaux sont des points de collecte de bouteilles en verre. Parmi eux, une centaine environ pratiquent la consigne monétaire.
Comme l’a constaté Nicolas Dauvé, Chargé de recherche et développement emballage au sein de Biocoop, «la consigne augmente le taux de retour des emballages en verre car celui-ci reste trop faible encore : chez nous, 1 bouteille sur 2 revient en magasin pour du réemploi. Certaines bouteilles en verre peuvent effectuer 20 à 50 rotations sans souci. » Selon l’étude Cabinet Deroche Consultant - 2009, réemployer un emballage en verre représente jusqu’à 75 % d’énergie, 79 % d’émissions de gaz à effet de serre et 33 % d’eau économisés par rapport au recyclage.
Pour les points de vente volontaires, la consigne demande un investissement important. Il faut stocker les bouteilles vides dans un espace dédié, les manipuler, trouver des opérateurs locaux pour les collecter, les transporter jusqu’à un centre de lavage de proximité. « Avec ces opérations, chaque magasin participe donc aux coûts liés à la logistique de la consigne », précise Nicolas Dauvé.
Actuellement, Biocoop travaille avec 17 partenaires locaux pour gérer ces flux. Si tous les produits concernés sont identifiés par le logo Réseau consigne, chaque opérateur dispose de sa propre signalétique afin de promouvoir ce bon geste grâce à des stickers, des affiches, des étiquettes spécifiques. « La consigne de bouteilles en verre est d’autant plus intéressante qu’elle s’inscrit dans un rayon qui ne proposait pas de réemploi jusqu’à présent. Nous devons faire de la pédagogie pour sensibiliser le consommateur à cette nouvelle démarche Zéro déchet, au même titre que les fruits secs en vrac ou la recharge du bidon de lessive », reconnait Nicolas Dauvé.